Actu du moisseptembre

En tant que correctrice et rédactrice, je traite quotidiennement des formulations où la question de la féminisation de la langue se présente. Il s’agit d’ailleurs plus exactement de savoir si l’on doit renforcer l’usage du féminin, puisque celui-ci existe déjà en grammaire. La règle du « masculin qui l’emporte sur le féminin » date du XVIIe siècle, édictée par l’Académie française ; étant en effet considéré que « le masculin est plus noble que le féminin » ! Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi, ce qui prouve que rien n’est définitif en la matière.

Cependant, féminiser un titre ou un métier suffit-il à rétablir l’égalité tant revendiquée par les mouvements féministes d’hier et d’aujourd’hui ? N’est-ce pas plutôt accentuer les différences que d’insister sur la spécificité des individualités, ce qui est justement combattu ? La vraie féminisation – entendue comme la valeur identique attribuée à chaque homme et à chaque femme – ne passerait-elle pas davantage par une « universalisation » du vocabulaire ? Ne serait-ce pas LE moyen de traiter chaque être humain de manière parfaitement juste et égalitaire ?

Et donc est-il si essentiel de se focaliser sur l’orthographe « féminisée » qui, outre le fait de ne pas toujours sonner de manière très heureuse, est loin d’être généralisée ? Réciproquement, pourquoi ne pas « masculiniser » des termes tels que « une personne », « une star », « une recrue », « une sentinelle », et j’en passe… ?

Professionnelle de l’orthographe, très attachée à son respect, j’observe les règles édictées par les dictionnaires. Il faut toutefois reconnaître que « lieutenante-colonelle » résonne d’une façon particulière, à l’instar de « sapeuse-pompière » ou « plombière » (qui n’ont pas encore leurs entrées auprès des Immortels).

Selon moi, la véritable égalité viendra de la prise en compte de l’individu, dans son entièreté et sa spécificité ; pas de son titre civique ou professionnel, ni de l’étiquette qu’il porte.